Il n’est pas toujours évident d’identifier nos envies et désirs, mais vous êtes vous déjà posé la question de ce qu’en pensent les autres ?

À moins d’être hypocrite ou atteint de « Schadenfreude » (terme allemand désignant littéralement « joie du dommage »), consistant en gros à se réjouir du malheur des autres, notre entourage souhaite notre bonheur au travers des « essentiels » reconnus par la société.

Vous êtes chômeur depuis peu ? On s’inquiétera du fait que vous retrouviez un travail. Vous êtes célibataire ? On vous souhaitera de trouver un(e) partenaire. Vous êtes en période d’examens ? On priera pour que vous les réussissiez, etc.


Transportez ses angoisses sur l’autre


Ce sont des phrases de bon sens (et que celui qui n’a jamais eu recours à ce type de paroles me jette la première pierre). Mais qui nous dit que la préoccupation du néo-chômeur est de retrouver du travail rapidement ? Qui peut prouver que le célibataire veut absolument trouver l’amour ou encore que l’étudiant se préoccupe uniquement de la réussite de ses examens ?

Mon but n’est pas de blâmer un parent qui cherche à s’assurer que son enfant n’est pas sans activité professionnelle. Cela part d’un bon sentiment, mais celui-ci émane plutôt d’une envie dictée par l’inconscient collectif.

Nous vivons quasi tous avec des idéaux communs transmis par la société. Un père ou une mère pourra plus facilement se rassurer si vous êtes actifs et en couple plutôt que d’être sans emploi et célibataire.

Bien qu’exagérant volontairement le trait, la première combinaison les confortera dans l’idée que vous rentrez bien dans les schèmes de la société. La deuxième pourrait susciter chez eux l’angoisse de ne pas avoir été de bons parents.

Mon objectif ici n’est nullement de prétendre qu’un chômeur veuille rester sans emploi ! Dans la majorité des cas, il souhaitera se réinsérer professionnellement. Ceci dit, s’il avait d’autres envies plus essentielles à son épanouissement personnel, est-ce que nous serions au courant ? Pourrions-nous accepter qu’il aille à l’encontre de normes solidement ancrées dans l’esprit de tous ?


La difficulté d’être à l’écoute de soi


Une condition majeure pour se donner une chance d’être compris par autrui est de pouvoir exprimer ce à quoi nous aspirons. Nous vivons cependant tellement au travers du regard des autres que cela s’avère être une tâche périlleuse.

Imaginez que vous dites aux gens : « je n’ai pas envie de travailler pour le moment, je veux juste prendre du temps pour moi afin de me retrouver et de pouvoir établir de nouveaux projets ».

Certains vous comprendront tout en apportant leur soutien, d’autres s’inquiéteront. Une dernière catégorie ne manquera pas de vous rappeler ce que vous coûtez à la collectivité, bien que votre but n’est pas de profiter du système.

La pression sociale, culturelle ou religieuse masque bien souvent nos envies profondes. Celles qui seraient mal vues, incomprises, voire même bannies par autrui.

 

La pression sociale

La plupart de nos actions sont inconscientes. À moins d’être en revalidation, nous n’avons pas besoin de réfléchir à comment savoir marcher. C’est un automatisme ancré depuis la naissance. Mauvais exemple me direz-vous !

En fait, en réfléchissant bien, nous développons tellement d’automatismes depuis la naissance sans les remettre en question. Dans mon exemple ici, c’est bien normal, car nous parlons d’une action motrice de base. On vous regardera (très) bizarrement si vous marchez sur les bras ou à 4 pattes, car personne ne le fait ! 

Quoi qu’il en soit, il n’est pas évident de pouvoir se démarquer sans être jugé ! Nous sommes confrontés à tellement de normes, qu’il est difficile de s’en extraire. Tout cela est renforcé par l’ère des réseaux sociaux qui a créé de nouveaux codes, certes implicites, mais bien ancrés en nous.

Prenons un autre exemple : s’il y a 15 ans, on vous avait dit que vous prendriez votre repas en photo, que vous le postiez ensuite sur Instagram en espérant secrètement récolter un max de « likes ». Vous auriez certainement autant rigolé que de voir quelqu’un marcher à 4 pattes, non ? Ceci dit, à mon grand étonnement, c’est aujourd’hui devenu une norme. Bien que nous soyons libres de ne pas céder à cette « dictature » virtuelle, il n’est pas évident d’ignorer notre besoin d’appartenance.

Il est plus commun d’effectuer des actions, même stupides, qui sont validées par les autres. Certains d’entre vous ont probablement commencé à fumer à l’adolescence pour se sentir intégrés à un groupe d’amis. Peut-être que si vos amis étaient non-fumeurs, il ne vous serait jamais venu à l’idée de flirter avec la cigarette.

Dans un autre registre, vous pouvez ressentir une forme de pression en étant la seule personne n’ayant pas encore d’enfant dans votre cercle d’amis. Bien que pas nécessairement intéressé, il se pourrait que vous ayez envie de vous conformer. Si votre mère en rajoute une couche en déclarant son impatience de ne pas avoir de petits-enfants, il y aurait de quoi faire vaciller la conscience des plus fragile!


La pression culturelle et familiale

Nous vivons tous dans des environnements distincts, accordant une place plus ou moins grande à notre liberté d’action. Inutile de préciser que le développement personnel n’est pas la norme en Corée du Nord ! L’individu y occupe une place plus que restreinte et il vit surtout au travers de l’idéologie du grand souverain.

Bien que Florent Pagny ait réussi à se rebeller contre le système français à travers ses textes, je ne pense pas qu’un chanteur nord-coréen puisse exprimer sa « liberté de pensée ».

Des exemples moins extrêmes et plus parlant existent autour de nous. Je ne rentrerai pas dans un jugement de valeur de cultures et religions que je connais trop peu. Toutefois, il est des fois frappant de voir des individus accorder une énorme importance à ce que pourraient penser les gens de leur communauté.

L’homosexualité par exemple, est encore un sujet tabou dans de nombreuses familles. Dans certains milieux, elle est tellement mal vue que les conséquences peuvent s’avérer dramatiques ! Il est donc impossible pour ces personnes de ne pas cacher leur identité sexuelle sous peine de représailles.

Il existe un tas de cas plus légers, mais toute envie qui va à l’encontre de l’idéologie de notre entourage représente un frein au développement de soi, de ses idées. Les familles enchevêtrées, dans lesquelles les différents membres sont quasiment indissociables, en sont un parfait exemple.

En effet, chacun a besoin des autres pour agir, penser, prendre des décisions. Ce sont des familles dans lesquelles les parents peuvent faire ou penser à la place de l’enfant. Ce dernier va avoir des difficultés à développer une pensée propre. Il n’est donc pas rare que le choix d’un partenaire amoureux demande une approbation familiale 

Les membres de ce système sont peu autonomes et leurs relations sont caractérisées par un souci excessif des besoins des autres. Il est très difficile d’exprimer sa propre opinion, et surtout, de mener ses propres actions si celles-ci ne sont pas validées par les pairs.


Être anticonformiste pour s’en sortir


Vous serez certainement nombreux à ne prétendre avoir aucun problème à écouter vos envies les plus profondes. Mieux, vous êtes apte à rester totalement hermétique face aux pressions extérieures, et ce, qu’elles soient implicites ou explicites.

Alors, faites-vous donc partie de cette catégorie de personnes qui sont capables de pleinement se réaliser ? Je ne serai pas totalement affirmatif !

Être anticonformiste traduit certes une personnalité bien affirmée. Les plus grands résistants ou rebelles ne sont clairement pas des moutons qui se contentent de suivre aveuglément le troupeau. Toutefois, je pense que de nombreuses personnes se déclarant anticonformistes se rebellent un peu par dépit.

En effet, elles savent pertinemment ce à quoi, elles refusent de se conformer. Pour autant, elles n’ont pas toujours connaissance de ce qu’elles veulent profondément. L’écoute de soi, bien que primordiale, ne suffit malheureusement pas toujours à identifier ses désirs. Le besoin d’appartenance est bien présent chez tout un chacun !

Il est donc fréquent de voir des personnes qui vivent en marge d’une société ne leur parlant pas. Cela ne les empêche pas de ressentir un sentiment de solitude. Les anticonformistes vont chercher à s’intégrer dans des groupes partageant leur idéologie.

Les hippies dans les années 60, les groupes de motards, les punks, ou autres gothiques, sont des entités bien visibles de par leur accoutrement. Si bien qu’ils établissent finalement leurs propres normes.

Ceci dit, il en existe bien d’autres! Les HP (haut potentiel), aussi appelés surdoués ou zèbres, sont d’ailleurs une frange méconnue de la population. Pourquoi? Les spécialistes n’arrivent toujours pas à s’accorder sur une définition claire et définitive de la douance.

Si bien, que les HP eux-mêmes ignorent bien souvent qu’ils le sont. Or, ceux qui n’ont pas encore pu identifier leurs véritables envies et besoins risquent d’avoir d’interminables questionnements sur la vie ! Pire, une certaine détresse pourrait s’installer et ce n’est pas la société rejetée qui pourra venir les aider.


En bref


Chaque prise de décision sortant de la norme aura toujours un impact plus important qu’il faudra pouvoir assumer. Depuis notre enfance, notre « Surmoi », intégré de par notre environnement, qui nous contraint à appliquer ce qu’il convient de faire, est là pour nous le rappeler. Les pressions extérieures peuvent d’ailleurs entraver notre système de pensée jusqu’à ne plus se laisser le droit d’être à l’écoute de soi et de ses désirs les plus profonds.

Il est cependant compliqué de trouver un juste équilibre entre l’écoute de soi et ne pas se couper des autres. Nous cherchons tous à partager une part de nous-mêmes avec des gens qui nous comprennent. Même le plus marginal de ce monde souhaitera établir une connexion avec la nature, avec son environnement direct.

Ce que les autres veulent pour nous part souvent d’un bon sentiment et peut dans certains cas même nous guider. Pour cela, il faut toutefois être à l’écoute de son ressenti et être capable d’identifier nos besoins.

C’est seulement à partir de là, que nous serons capables de trouver un sens à notre vie et le partager avec un entourage bien choisi.