En voilà un drôle de titre ! Peut-on écrire tout un article sur cette question à laquelle pas mal de personnes répondraient tout simplement par oui ou par non ? Je trouve le sujet particulièrement intéressant, car tout le monde est concerné. On est même en droit de se demander si le mensonge ne pourrait pas intégrer les besoins primaires de la pyramide de Maslow. Je tiens à préciser que les paragraphes qui vont suivre n’émanent pas de statistiques. Encore moins de notions que j’ai pu apprendre lors de mes études de psychologie. C’est un billet purement subjectif sur 32 ans d’observation (je ne compte pas les 9 mois dans le ventre de ma mère). Je vous invite d’ailleurs à me partager votre vision du sujet.


Les petits mensonges de la vie


Des dizaines d’exemples ont déjà certainement traversé votre esprit. Vous savez, ce sont ces mini-mensonges qui passent (presque) inaperçus. Ceux qu’on utilise pour finement redorer notre blason, ou tout simplement pour éviter un petit désagrément. Le premier qui me vient en tête est celui des retards. Les multirécidivistes qui ne sont pas de mauvaise foi me comprendront lorsque j’évoque la fameuse phrase : « je suis là dans 5 minutes » ! La traduction étant : « je suis à la bourre, je ne sais pas exactement quand j’arrive, mais je me dépêche ». À leur décharge, pas mal de gens n’ont pas du tout la notion du temps. Ils espèrent peut-être faire 5 km en voiture en se tapant ni feu rouge ni tout autre contre-temps sur la route. Le tout, en trouvant de la place directement devant le lieu de rendez-vous pour se garer.

Un autre exemple qui est très répandu dans le milieu du tennis est lorsque je demande à des joueurs le résultat d’un de leur match. Ils donnent le bon score lorsqu’ils gagnent. En revanche, en cas de défaite, ils s’arrangent toujours pour oublier le résultat exact et se donnent quelques jeux en plus. Ah oui, je précise qu’avant de poser la question, je connais déjà le score (oui, j’ai l’esprit un peu sadique) ! Un dernier exemple que j’estime assez révélateur des pressions sociales est celui des partenaires amoureux (ou sexuels). Un homme multipliant les conquêtes est plutôt bien vu dans la société. Il n’est dès lors pas étonnant que les garçons gonflent un petit peu (parfois beaucoup) le nombre de partenaires qu’ils ont eu. À cela, ils n’hésiteront pas à vanter leurs exploits. Ils ajouteront de la valeur à la fille, qui n’est peut-être pas aussi canon qu’ils le décrivent.

Du côté féminin, c’est le phénomène inverse qui se produit. En effet, une femme qui a eu énormément de partenaires peut rapidement traîner une réputation de sal***. Une fille qui a déjà couché avec une vingtaine de garçons taira volontairement ce chiffre par peur d’être injustement jugée. De plus, elle aura tendance à retenir seulement les hommes qui l’ont marqué et placer aux oubliettes les erreurs de casting. Ce genre de jugement sociétal n’arrange aucun des deux sexes, mais ce n’est pas l’objet de mon article. Ce que je veux mettre en avant est que ces petits mensonges ne sont pas trop graves. Il n’y a ni l’intention de nuire ni celle de tromper autrui.

L’individu très en retard ne voudra pas fâcher et décevoir la personne avec laquelle il a rendez-vous. Le joueur de tennis qui a perdu cherche surtout à se rassurer plutôt que de nous donner intentionnellement un mauvais score. Idem pour l’homme ou la femme qui en étant interrogé sur sa vie sentimentale, cherche surtout à protéger son image plutôt que de mal renseigner autrui. J’ai donné 3 exemples ! Or, ils sont légion et, à moins d’être répétitifs, ne portent pas préjudice à vos relations avec les autres.


Faut-il mentir lors d’un entretien d’embauche ?


Ah, cette fameuse question ! Tout adulte se l’est déjà posée et le sujet a sûrement déjà dû faire l’objet de bon nombre d’articles. Nous sommes ici dans une situation plus complexe, car ce que vous dites peut directement tromper votre interlocuteur. Il est évident que tout gros mensonge est à proscrire. Bien que vous cherchiez uniquement à vous mettre en valeur, votre discours mensonger aura un impact négatif pour autrui. Il vous retombera dessus bien plus vite que vous ne le pensez.

Si vous avez indiqué dans votre CV que vous maîtrisez l’anglais, demandé dans les compétences, le recruteur pourra directement vous mettre à mal en vous interrogeant dans la langue de Shakespeare. Même s’il ne le fait pas pendant l’entretien, et que vous obtenez le poste, vos carences apparaîtront au grand jour dès votre entrée en fonction. Nul doute que cela ne fera pas plaisir à votre responsable qui pourra préparer soigneusement votre lettre de licenciement ! L’autre donnée qui peut porter préjudice est celle de vouloir « faire plaisir ».

Lors d’un entretien d’embauche, nous nous sentons souvent en position de « dominé ». Ce sentiment de stress de vouloir à tout prix être engagé peut nous conduire à accepter tout et n’importe quoi. Sans vouloir diaboliser les employeurs, tout n’est pas toujours écrit dans le descriptif de fonction. Si une tâche non mentionnée est ajoutée et ne vous convient pas, inutile de dire oui en sachant que cela ne vous convient pas. Dire oui à tout relève du mensonge et tout le monde en ressort perdant. Mais alors, peut-on « bien » mentir à un entretien d’embauche ? Oui, à condition que cela mette les cartes de votre côté et que cela ne pénalise pas la partie adverse.

L’exemple le plus significatif à mon sens est celui des « trous dans les CV ». Véritable hantise des recruteurs, ils risquent vraiment de jouer en votre défaveur. J’ai personnellement connu une longue période où je ne faisais pas grand-chose de concret dans la vie. Pendant 2 années, je donnais quelques cours de tennis et la troisième année, rien du tout, je n’étais ni chômeur, ni allocataire social. Je passais juste mon temps à jouer 10 heures par jour au poker en ligne ! Vous comprendrez aisément que je n’ai pas relevé ce fait dans mon Curriculum. Pour boucher le trou, j’ai tout simplement indiqué que j’étais entraîneur pendant 3 ans au lieu de deux.

Premièrement, un recruteur ne va pas vérifier si j’ai bien donné des cours de tennis quelques années auparavant. Deuxièmement, cela ne change rien pour lui. En effet, à moins de postuler pour un temps plein en tant qu’entraîneur de tennis (et encore), le poste convoité n’a rien à voir. Mon année d’expérience supplémentaire virtuelle n’intervient en rien dans mes compétences. Alors, pourquoi le mettre dans le CV si ça ne change rien ? Tout simplement, parce qu’une personne, et surtout les recruteurs (désolé pour eux), a tendance à vous juger sur ce que vous avez fait. Le pourquoi n’a que peu d’importance.

Pour l’anecdote, ce CV « sans trous » a été indispensable dans ma reprise d’étude. J’ai même dû créer un faux contrat signé pour avoir le droit de m’inscrire en Haute École. En effet, tous les étudiants de plus de 18 ans étaient obligés de justifier à l’aide de pièces justificatives ce qu’ils avaient fait dans leur vie entre la sortie du Lycée et la reprise d’études. Pour info, j’ai repris des études à 25 ans. Si j’avais fait 7 ans de prison, j’aurais eu moins de documents à ramener à l’inscription. Bref, assez parlé de moi ! Je tiens avant tout à préciser que tout ce qui est écrit dans ma page à propos est vrai ! Jamais, je ne tromperai mes lectrices et lecteurs, je tromperai uniquement les…bon, passons à la suite !


Le mensonge pathologique


Je ne parlerai pas ici de la mythomanie ni de grands psychopathes que vous avez peut-être, malheureusement, déjà croisés dans votre vie. Par mensonge pathologique, je mets en avant des personnes dites « normales » qui se sont emprisonnées dans un certain schéma. Tout d’abord, abordons les individus qui se mentent à eux-mêmes. Chaque adulte est confronté à différentes sphères dans sa vie. Ainsi, nous pouvons évoquer la sphère amoureuse, la sphère professionnelle, la sphère familiale ou encore sociale pour ne citer que les plus connues.

Nous sommes tous confrontés à certaines difficultés. La réussite dans nos sphères va souvent de pair avec notre bonheur, ou du moins notre sentiment de bien-être. Nous pouvons jouir d’une situation professionnelle stable, être empreint à des difficultés familiales et avoir une vie sentimentale en forme de montagnes russes. Tous les cas de figure sont possibles et libre à nous de travailler dessus ou pas. Là où le bât blesse chez certaines personnes, c’est qu’elles n’acceptent pas les contraintes rencontrées dans une ou plusieurs sphères. Elles se mentent donc à elles-mêmes en tentant de se convaincre que tout va bien ou que rien n’est de leur faute, alors que des éléments concrets démontrent le contraire.

Un peu à l’image d’Instagram, la société a tendance à stigmatiser, voire à étouffer les individus rencontrant des problèmes. Les nombreuses dépressions cachées se sont transformées en une explosion des burn-out sur les lieux de travail. La première étape pour aller bien n’est pas de se dire aveuglément que tout va bien ou que tout ira mieux. La première condition est d’accepter d’aller mal et d’en trouver les sources. Aussi bateau que cette affirmation puisse paraître, elle est pourtant bien vraie !

Une autre catégorie d’individus a également tendance à mentir tout en en étant consciente ! De par une pression familiale, culturelle ou même religieuse, certaines personnes vivent dans le mensonge pour se protéger. Un exemple connu est celui des personnes homosexuelles qui, à juste titre, ont peur d’affirmer leur orientation sexuelle. Non pas qu’elles en ont honte, mais par peur de représailles, elles sont dans l’obligation de mener une vie sentimentale cachée. C’est un peu comme si elles se devaient de vivre au travers de l’idéologie des autres pour ne blesser personne.

Bien qu’il soit tentant d’envoyer balader tous ces gens qui vous dictent leur façon de faire, de penser et d’agir, il n’est pas évident de s’extirper de l’opinion d’une communauté, d’un courant dominant. Chaque culture, chaque lieu, a d’ailleurs ses règles implicites. Il est impossible de se faire bien voir, partout sur cette planète. À moins que chacun arrête d’imposer ses idéaux à l’autre en prônant la tolérance et l’acceptation de la différence, nous ne sommes pas prêts d’arrêter de mentir à quelque échelle que ce soit.